Accueil » Internet » Le coup de pression de Youtube aux opérateurs

Le coup de pression de Youtube aux opérateurs

Depuis quelques jours, Youtube permet aux internautes américains de comparer les débits de leur opérateur avec ceux des concurrents. Plutôt surprenant comme fonctionnalité…

De quoi se mèle Youtube ? Pourquoi proposer aux internautes d’évaluer les débits de leurs FAI ? Ce n’est pas son job, et pourtant Youtube s’est mis à analyser toutes les connexions entre ses utilisateurs et ses propres serveurs. Avec l’adresse IP, il est capable de repérer d’où viennent les internautes et d’en déduire des vitesses moyennes de débits, selon les opérateurs, les localités et les heures.

Concrètement, si vous regardez une vidéo Youtube aux Etats-Unis et que vous rencontrez des problèmes de connexion, le site de vidéos va vous proposer de cliquer sur un petit bandeau bleu et vous afficher les débits offerts par votre opérateur Internet mais aussi par ses concurrents près de chez vous. Cette fonctionnalité, lancée d’abord aux Etats-Unis, pourrait débarquer en France… où Youtube a aussi des comptes à régler avec les opérateurs.

Les opérateurs désignés coupables

A l’évidence c’est un outil de pression sur les FAI. Avec cette fonctionnalité, le plus gros service de vidéos au monde va désigner coupables les opérateurs qui n’offrent pas de bonnes connexions à leurs internautes. Ce qui est une information fort incomplète, en l’occurence, puisque cet indicateur ne concerne que la manière dont chaque opérateur traite Youtube… et non pas tous les services web.

Aussi, ces statistiques ont un gros défaut : elles ne délivrent aucune explication ! Pourquoi le débit chute, pourquoi tel FAI semble meilleur ? Une moyenne, sans référence ni commentaires, ça donne au final des infos un peu vagues et même perturbantes pour l’utilisateur. Doit-il pour autant changer de fournisseur d’accès ? Est-il certain que l’herbe est plus verte ailleurs ? Un FAI bon sur Youtube est-il performant ailleurs sur le web ? Et quid du coût de l’abonnement ? Des problèmes techniques ponctuels ?…

Le principal point positif que je vois dans cette affaire, c’est que ça va faire bouger les FAI. Orange a d’ailleurs vivement réagi à cette nouvelle fonctionnalité.

Bras de fer

Entre Youtube et les opérateurs, c’est le bras de fer depuis longtemps. D’un côté, le service de vidéo réclame de plus en plus de ressources en bande passante. Or, Google ne veut pas mettre la main à la poche pour participer financièrement à l’accroissement des capacités. Le géant du web juge que c’est de la responsabilité des FAI. Et argue qu’ils sont déjà payés par les utilisateurs pour ça.
En face, les opérateurs grincent des dents, estimant que les seules exigences de Youtube sont devenues délirantes et qu’en conséquence ce dernier doit participer aux coûts.
En France, Free tient carrément la dragée haute à Google : il refuse d’augmenter la taille de son tuyau rien que pour les besoins de Youtube, et l’oblige ainsi à se sentir concerné…

Les utilisateurs en paieront les conséquences

Google passe maintenant à la vitesse supérieure. Ce qu’il vient de faire, avec le monitoring des débits sur Youtube, va mettre une telle pression aux opérateurs, qu’on devrait atteindre le pic de la crise.
Google joue un coup à deux bandes. D’abord, il montre du doigt les opérateurs… et donc réaffirme qu’il n’a pas à payer, puisqu’il n’est pas responsable. Ensuite, il invite implicitement les opérateurs à privilégier Youtube dans l’allocation de leurs bandes passantes.
Dans les deux cas, ça aura un impact sur tous les utilisateurs. Car si Youtube ne paie pas, ce sont nos abonnements à Internet qui vont augmenter. Et si les opérateurs privilégient Youtube, nous allons tous ramer sur les autres sites.

Autre victime collatérale : l’ensemble des fournisseurs de contenu, qui ne vont pas accepter d’être moins bien traités que Youtube par les opérateurs !

En France, certains se sont déjà organisés en adoptant un outil de monitoring indépendant et gratuit. Selon Cedexis, qui mesure la performance des sites, 25% des Français mettraient plus de 10 secondes pour accéder aux grands sites d’info nationaux ! Pire, 18 pays en Europe accèdent à ces sites -pourtant hébergés en France- plus rapidement depuis leurs serveurs européens que depuis une connexion dans l’Hexagone… Pour le patron de Cedexis, la France s’est endormie et les opérateurs, comme le gouvernement, doivent davantage accélérer le déploiement du très haut débit.

Autre témoignage d’un spécialiste de la qualité des réseaux : le président de Witbe dénonce la méthode employée par Youtube mais appelle les opérateurs à rétablir la confiance avec leurs clients, à retravailler leur réseau et la qualité de l’expérience utilisateur.

Globalement, la France serait aujourd’hui à la traîne sur les réseaux. « Sans compter que nous sommes dans un écosystème devenu fragile… et ça Youtube doit être capable de l’entendre. Tout le monde a besoin de tout le monde », nous disait Jean-Michel Planche de Witbe. Y compris, de nous, clients, qui devront peut-être bientôt payer plus cher nos abonnements.

(Source: 01net)

Laisser une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiéeLes champs requis sont surlignés *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

x

Check Also

Une carte de France du très haut débit fixe

On connait bien les cartes de couverture des opérateurs mobiles, mais un peu moins celles ...